Suite "Pourquoi ?" 1
Une montée en puissance.
Les Maras cultivent une véritable haine contre l’état, lorsque les États-Unis ont choisi d’expulser les immigrés salvadoriens vers leur pays d’origine, on peut dire que cela a été une décision dramatique. Le retour de ces Salvadoriens s’est suivi d’une arrivée extrêmement abondante des gangs. Cette jeunesse salvadorienne n’a pas abandonné cette logique sociale. Elle l’a adapté à ce nouveau contexte. Des stratégies se mettent en place, ils sont guidés par la violence met néanmoins ils savent que l’état peut être une alliance utile pour la productivité de leurs activités. Le phénomène Mara est né. Le mouvement s’est diffusé rapidement. Les perspectives qu’offres les institutions salvadoriennes sont inexistantes, ou presque, la jeunesse salvadorienne n’est pas aidée comme il se doit, pour la plus part vouée à un avenir sans espoir.
Cela peut être la MS 13 ou la M 18, d’apparence les Maras offrent la solidarité, et étant donné que l’Etat salvadorien ne peut plus garantir cette valeur depuis longtemps, survivre parait plus évident au sein de la Mara.
Une vie constituée à partir de la violence. Le but est d’acquérir un niveau extrême, l’expansion doit être toujours présente, les Maras veulent prendre une ampleur inédite. Tout cela passe par la tactique de la terreur. Toute la structure sociale est basée sur la violence. Il n’y a pas de véritable raisons à la création de ces mouvements. Il est même certains que des membres ne doivent pas forcément comprendre le sens de tous leurs actes. Il n’y a pas de revendication sociale, ni d’argument racial, religieux ou politique, le mouvement est irrationnel.
La structure extrêmement bien hiérarchisée est une des grandes forces des Mara. Le système de racket est très efficace. Un exemple concret avec la taxe journalière pour les chauffeurs de taxis, un dollar US, ou de bus, entre deux et dix dollars US. La vie économique est également entretenue par les rapts, les vols, les braquages… Une véritable économie souterraine s’est formée.
Plus les emprisonnements augmentent, plus le nombre de délits commis par les Maras s’accroit. On remarque que dans cette situation, la pauvreté n’est pas l’unique cause de la progression du mouvement.
La stratégie des Maras, est d’être présent sur tous les plans, ils se font ressentir économiquement (coût du système de santé, judiciaire, policier), démographiquement (taux de mortalité plus élevé avec meurtres, suicides, drogues et alcool), et bien sûr socialement(relations interpersonnelles, qualité de vie) à tous les niveaux de la société.
Une situation oppressante, et invivable pour les non membres d’une Mara. Les habitants neutres du San Salvador doivent organiser leur vie autour de du système de la Mara, leur vie en dépend.
Ces gangs sont résumés en trois mots: protection, pouvoir et argent. On peut ajouter : violence, ou encore maltraitance. La Mara est un fléau qui s’est bâtie sur des bases néfastes.
Dans leurs quartiers les gangs imposent leurs lois et font régner la terreur. Sur certains points les membres de la Mara n’ont aucune valeur, ils tuent pour un ticket de bus et font payer des taxes d’entrée dans leur zone d’appartenance. Les quartiers pauvres sont englobés dans un système illégal, devenu presque normal et habituel. Tout cela engraine le chômage et l’exclusion. Par exemple, 67 % des usagers des transports en commun de la ville du San Salvador ont déjà vécu au moins une attaque.Tout manque de respect de la part de la population, toute trahison ou tentative d’abandon du gang sont punis sévèrement, jusqu’à la mort. Tuer femmes et enfants pour se faire craindre et faire régner leur loi, n’est pas un problème pour eux. Plus un membre a tué de personnes, plus la méthode a été cruelle et plus il est respecté.
Le Salvador a assisté à une nouvelle action de violence en septembre 2009. Un réalisateur, Christian Poveda est décédé de quatre balles dans la tête. Son documentaire « la vida loca », affiche la violence de ces groupes et met en évidence une grande question pour l’avenir de ces sociétés. Il a été dit que : « le réalisateur franco-espagnol se savait en danger de mort dès le moment où il a posé le pied dans l’univers des Maras. »
Aujourd’hui, dans ce milieu la mort n’est plus qu’un jeu, une sorte de défi quotidien entre eux. On tue pour le simple plaisir, on passe l’étape de la dispute, de l’argumentation, pour atteindre directement le règlement de comptes meurtrier. L’absence de tout dialogue souligne la tournure qu’ont pris ces gangs.
L’ampleur du phénomène est tel, que même le Canada commence à observer certaines similitudes chez les gangs présents dans son territoire. Bernard Landry, ancien ministre du Quebec a lui-même dit qu’il s’agit d’une « tragédie qui frappe la jeunesse partout sur la planète ». Une réflexion qui n’est pas sans importance. Elle montre l’état dans lequel se trouve une grosse partie de la jeunesse dans le monde.
Ces dernières années on a pu remarquer un nouveau problème de taille : devant la mise en place des sévères mesures anti-Maras, les 'mareros' aujourd'hui, se montrent plus discrets : absence de tatouages, ou du moins grande discrétion par rapport à l’image physique qu’ils renvoient.
Ils réorganisent leurs activités, par exemple ils investissent dans des secteurs économiques locaux, cela permet de blanchir l'argent sale. Les 'mareros' sont devenus moins amateurs, ils se spécialisent avec des techniques plus fines, ils ont une face plus mafieuse et donc plus difficiles à combattre.